Il y a encore deux semaines, j’étais en Vendée. Je me souviens mon père me décrivant ce département comme l’un des plus charmants de France, particulièrement sa côte Atlantique. Il faut dire que la course nautique du Vendée Globe participe largement à la notoriété des Pays de la Loire. A cette époque de l’année, le port des Sables d’Olonne, point de départ de la prestigieuse course de voiliers, devient alors pour quelques jours le centre névralgique des amateurs et professionnels de la discipline.
De son côté, la Vendée Va’a est le rendez-vous qui connecte pour ainsi dire nos îles polynésiennes à cette région française. Si elle est pour le moment moins médiatique que le Vendée Globe, la Vendée Va’a vaut pourtant le détour depuis que sa première édition a vu le jour en 2010. Comme le Vendée Globe, la Vendée va'a en est à sa 8ème édition. Elle a l’avantage d‘être désormais programmée entre les mois de Mai et Juin, un peu avant l’été, une saison idéale pour les sportifs comme pour les supporters : ni trop froide, ni trop chaude. Avec désormais près de 20 équipes en lice, venues majoritairement de France et composées de métropolitains, polynésiens de coeur, et en partie de souche pour certaines, la Vendée Va'a se veut la réplique de la Hawaiki Nui Va’a, la plus belle course de pirogues qui a lieu chaque année en Polynésie française et qui rallie les îles sous le vent de Raiatea, Taha’a Huahine et Bora Bora.
Cela faisait 4 ans, que l’équipe Air Tahiti Nui, du nom de la compagnie aérienne internationale de la Polynésie française, partenaire majeur de l’événement vendéen, représentait à elle seule Tahiti et ses îles. Débuté le 24 Mai dernier, l’édition 2017 a été enrichie de la participation de nouvelles équipes tahitiennes avec Hono’Ura et Team Raiatea qui ont toutes deux réalisé de superbes performances. La team de l'île sacrée s'est particulièrement démarquée en se plaçant devant la compagnie à la Tiare Tahiti, gagné la deuxième étape et challengé jusqu'au bout l’équipe hexagonale La Méduse, qui décroche le titre suprême cette année encore. Cette huitième édition marque une ouverture à l’international avec la participation nouvelle également de 3 vaillantes équipes brésiliennes.
Sur le départ pour Tahiti, je n’ai pas pu participer à ses festivités sportives mais toutefois eu le temps de profiter auparavant de certains attraits de la région. Voici donc quelques unes de mes escales vendéennes.
Escale 1: Plage du Remblai et quartier insolite de l’île Penotte, Les Sables d’Olonne.
Aux Sables d'Olonne, si vous ne participez à aucune des courses à la voile ou à la rame, vous pouvez toujours entamer une simple balade sur la plage le long du Remblai, profiter de ses bistrots - sur ses promenades, Lafargue et Clémenceau, ou à même la plage - de ses nombreuses crêperies et de son coucher de soleil. C'est ce que nous avons fait. L’air marin n’a pas son pareil pour éveiller le corps et l’esprit, et vous donner un bon coup de fouet. Après cela, vous trouverez, au croisement de la Rue des Bains et de la Rue des Corderies, le quartier de l’île Penotte. Là, vous verrez que l’art urbain ne se résume pas qu’aux oeuvres réalisées à la bombe ou aux gros feutres car en effet, les murs de ce petit quartier insolite accueillent des fresques de coquillages qui rendent hommage à la mer. Comme à Orgosolo, en Sardaigne, les façades du quartiers semblent s’enrichir au fil des ans ; un travail d’artistes pour la plupart inconnus que vous pourrez apprécier en une balade de 20 minutes.
Escale 2 : En Famille, les animaux de la Place Napoléon, La Roche Sur Yon
La place Napoléon est un peu le coeur de cette petite ville vendéenne à 30 mn des Sables d’Olonne. Agrémentée d’un kiosque qui rappelle celui de notre Tahua Vaiete à Papeete, la Place Nap’ - c’est ainsi que ses habitués la désignent - accueille non pas des roulottes (Food truck) comme à Vaiete, mais la grande verrière du 18 B, restaurant permanent celui-là, dont l'architecture oscille entre style industriel et serre de jardin monumentale. On peut profiter de sa carte de type bistro, simplement y prendre un café ou encore y entamer la soirée par un apéritif.
Mais la particularité de cette place est ailleurs. Elle accueille, dans ses petits lacs artificiels, sur ses rochers installés de part et d’autre et sous les palmiers de son jardin planté, nombres d’animaux sauvages : Ibis, flamands roses, hippopotame, crocodile, dromadaire, crapauds géants, avec lesquels enfants et parents peuvent jouer… Ne craignez rien, ceux-ci sont mécaniques, créés par François Delarozière de la compagnie La Machine, le même à l'origine des automates géants du renommé projet de l'Ile de Nantes. A partir de tableaux de bord, les amateurs peuvent articuler les animaux à distance. Certains jours, il faut faire la queue avant de pouvoir y accéder mais les badauds sont habituellement raisonnables et libèrent aisément la place une fois tous les rouages de la machinerie testés.
Escale 3 : L’apéro Sunset à la Case d’Elo, La Tranche sur Mer
Je suis sûre que vous accepterez de prendre un verre à la Case d’Elo. La Case d’Elo a la particularité de rappeler les cabanes de fortune de notre enfance. Avec ses chaises et ses tables basses de récupération en bois ou en rotin vieillis, son comptoir poli taillé dans la longueur d'un tronc d’arbre installé face à la mer, ou sa mini terrasse abritée tant bien que mal, on s’attarde sans difficulté dans cette fragile bicoque perdue sur une vaste étendue de sable beige qui disparait sous la marée.
Les enfants peuvent jouer sur le sable, s’exercer au surf et vous, profiter d’une carte offrant de jolies formules et des boissons parfaites pour l'apéritif dinatoire : tartines de produits frais, salades de légumes divers, charcuteries et même des huitres de la région si vous les commandez la veille. Là, vous dégustez un vin blanc sec et fruité, les pieds dans l’eau, ou presque. Prévoyez un châle, car même en été, les soirs plein vent à la case d’Elo peuvent très vite se rafraîchir.
Escale 4 : Sortie dominicale dans la vallée de l’Yon, à Piquet, Le Tablier.
Je dois admettre que depuis mon voyage en Norvège, être au coeur de la nature est devenu essentiel pour moi, je dirais même RE-devenu. Petits, mes frères, mes soeurs et moi passions la plupart de nos weekends dans la vallée de Faaurumai avec notre maman, à entretenir le faapu familiale (terre agricole vivrière) grâce auquel nous pouvions manger des produits de la terre ( ignames, patates douces, manioc, colocase (taro) mais aussi des bananes ou encore du fafa, sorte d'épinard tahitien). Ma maman tenait absolument à ce que nous vivions la réalité de la vie polynésienne : entretenir inlassablement la terre qui nous nourrit. Désherber, élaguer, organiser, planter, récolter... Nous, nous y allions surtout pour profiter de la cabane que mon oncle avait construite en guise de Fare (maison tahitienne) dans le tumu Ora (le Banian). En définitive, c’était une vie au grand air, une vie saine.
Découvrir la vallée de l’Yon, à Piquet réveille ainsi mes souvenirs d’enfance préservée où la vie quotidienne n’était pas régie par les smartphones et autre connectivité moderne, dont on ne sait plus se passer. La connectivité de l’époque était celle d’avec la Nature. Si le cours d’eau serpentant la vallée d’Yon me rappelle la rivière de mes jeunes années, alimentée par les 3 cascades, il ne lui ressemble aucunement. Ici, l'eau est pour ainsi dire immobile et, comme un miroir, me renvoie le reflet des grands rochers blancs émergés qui me font penser aux pavés d’un sentier de géants. Bien que très arborée, la vallée de l’Yon est moins ombragée et moins humide que ma vallée de Tiarei.
Les quelques petits ponts de bois que je me plais à traverser répondent aux multiples ruines présentes à chaque détour de ma balade improvisée. J’aime à poser ma main sur ces pierres centenaires qui ont été témoins de vies passées. Certaines même me rappellent nos marae (temples sacrés à ciel ouvert polynésien). Le bâtiment désaffecté d’une ancienne filature est désormais livré à la nature. On y voit encore les renfoncements qui accueillaient le mécanisme, désormais endormi, d'une roue à aubes dont l'activation dépendait du cours d’eau…
La Vallée de l’Yon à Piquet offre 4 kilomètres de randonnée jalonnée pour tout niveau et se prête merveilleusement bien à la pêche en eau douce, au pique-nique, à la pratique du drone (à condition d’avoir les autorisations) ou simplement à la contemplation. Moi j’en ai profité pour immortaliser un arbre, un croquis aux crayons et à l’encre de chine, histoire de poursuivre ma reprise des techniques de base du dessin, abandonnées en quittant le lycée.
Escale 5 : Halte culturelle oblige , du Grand R au CYEL, La Roche su Yon.
En Vendée, s’il vous faut prendre l'air en ne vous éloignant pas de la ville, vous apprécierez certainement celui du centre de La Roche sur Yon. Décidément, cette ville située à juste une demi-heure de Nantes, se révèle bien dynamique sous son apparente fadeur. C’est au « Grand R », à l’architecture originale en forme de cylindre (Le Manège), que vous prendrez un bol de culture pure. Ce complexe appartenant au réseau des Scènes Nationales axe son programme autour de l'actualité de la danse, du théâtre, du cirque, de la littérature et de la musique. Dans la continuité de cette dynamique, le CYEL qui a ouvert ses portes en début d'année se veut avant tout un lieu d'enseignement artistique et élargit l'action culturelle de la commune aux arts visuels, arts plastiques et photographie ….. Désormais, les expositions picturales en tout genre ce sera ici.
J'ai envie de vous parler du Concorde de La Roche. D'abord parce que ses fidèles militent pour sa préservation et un développement soutenu par la collectivité. Ensuite parce qu'il se distingue en effet par son service et sa programmation quelque peu atypique mais pour le moins originale faisant souvent la part belle aux grands classiques ou anciens films qu’il est bon de revoir , aux côtés de nouvelles sorties et des créneaux destinés aux jeunes publics et aux étudiants. Enfin, parce que les événements-rencontres avec les professionnels du cinéma y sont fréquents... Et aussi parce que j'ai aimé la grande affiche, évoquant Tahiti, la première fois que j'y ai mis les pieds.
Escale 6 : Sortie à vélo, c’est à l’île d’Yeu.
L’île d’Yeu, c’est l’Escale balnéaire et tranquille ; je dirais presque romantique. Si la mer et le calme vous attirent, c’est à l’île d’Yeu qu’il faut vous réfugier. Moins réputée que sa voisine l’île de Ré, l’île d’Yeu a pourtant tout son charme. Se rendre à l’île d’Yeu c'est un peu comme aller à Moorea pour Tahiti. D’une circonférence moins importante cependant, 30 kilomètres de route côtière, on la rejoint par bateau pour 18€/personne et 40 minutes en moyenne au départ de Saint-Gilles ou de Fromentine (à une heure de La Roche sur Yon). On y passe le weekend sans problème.
Bien que l’activité principale se concentre à Port - Joinville, lieu du débarcadère, on la visite dans sa totalité et principalement à vélo, tandis que les randonneurs pédestres bénéficient d’un large choix de pistes, côtières ou à l’intérieur de l’île. Elle se dessine au fil des nombreux sites protégés et de plages romantiques à l’abri des falaises. Le mot d’ordre : ne rien faire et apprécier le paysage… Je vous en dirai plus sur l’île d’Yeu dans un prochain article.
La Vendée compte nombre d’adresses et de sites plus renommés. Mais j’ai préféré vous parler de ceux que j'ai parcourus « hors saison », comme le chante Cabrel, à la différence qu’à la place de la mélancolie y règne une forme de sérénité qu’il fait bon respirer.
Comments