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Photo du rédacteurTaina CALISSI

Laurence Hervé n’arrête jamais.

Dernière mise à jour : 21 janv. 2019


Parachutiste par passion, militaire par conviction...


La première fois que j’ai rencontré Laurence, c’était en août 2016 en Norvège. Elle profitait d’une trêve dans un planning bien chargé pour rejoindre l’homme qui fait battre son coeur et qui, nous confie-t-elle, lui a redonné confiance en elle… Quand on connait la vie de Laurence, difficile d’imaginer que cette jeune femme volontaire a besoin d’être rassurée. En effet, à tout juste 30 ans, Laurence Hervé affiche déjà un beau palmarès dans la discipline sportive dont elle a fait son métier : le parachutisme, plus exactement le vol relatif à 4.

A peine arrivée dans la petite ville reculée de Stranda en Norvège que, les présentations faites, Laurence m’embarquait dans un footing de plusieurs kilomètres à travers champs et vallons… et qui bien sûr m’a mise sur les rotules. Ce n’est pas en faisant une session de sport tous les 3 mois que je tiendrai le rythme que s’impose Laurence… au quotidien. Et pour cause ! Sportive de haut niveau, elle fait partie des équipes de France, civile et militaire, de Parachutisme. Interview.

Taina Calissi : Comment es-tu venue au Parachutisme ?

Laurence Hervé : En fait, après le bac j’avais pris une année sabbatique et travaillais en station de ski où j’ai rencontré Mélanie BROUASE. Elle faisait des compétitions de skysurf en équipe de France, ça m’a donné envie. Tôt ou tard, je me serai certainement tournée vers le parachutisme mais je pense que Mélanie, qui est devenue une amie par la suite, a été le déclencheur immédiat. Donc dès la saison suivante, j’ai cherché un centre de formation près de chez moi dans la région parisienne. Ce centre était spécialisé dans le vol relatif à 4.

T.C : Es-tu passée par la case tandem?

Laurence sourit : « Non, j’avais déjà effectué 1000 sauts et fait de la compétition lorsque j’ai fait mon premier tandem. C’était pour un copain qui devait valider sa qualification de monitorat de tandem. C’était marrant et bizarre de s’en remettre à quelqu’un d’autre. Mais j’avais confiance en lui. »

T.C : Comment décide-t-on de passer d’une passion sportive, à la compétition…. ?

L.H : A l’époque, je faisais de l’escalade par amour pour la nature, et pratiquais assidument le tennis… J’avais déjà le goût de la compétition et dès l’hiver 2007/2008, je décidais donc de participer à mon premier stage de détection de parachutisme. C’est une sorte de compétition open avec des critères de sélections restrictifs. C’est là en général que les athlètes se font repérer. J’ai fait un stage de détection en soufflerie à Paris en février 2008 pour pouvoir accéder au stage de détection avion en vol relatif deux mois plus tard, à Gap. Je suis devenue sportive dit de haut niveau Espoir en 2010. En compétition, on doit savoir gerer son stress , donner le meilleur de soi-même, vouloir continuellement progresser et respecter des règles communes... Comme à l'Armée d'ailleurs.

T.C : Justement, comment s’est fait la connexion avec l’Armée ?

L.H : J’ai intégré l’équipe militaire et civile quasi en même temps…

A l'époque de ma participation aux stages de détections où j’avais été repérée par des personnes faisant à la fois des compétitions civiles et militaires, j’ai intégré l’Armée de l’Air sur concours, en tant que contrôleuse aérienne. Etant alors en internat, j’ai d’abord bénéficié de dérogations ponctuelles me permettant de pratiquer le parachutisme avec l’équipe de l’Armée (ce qui a d’ailleurs suscité à la fois du soutien et de la jalousie.). D’autre part, il faut savoir que le parachutisme n’est pas considéré comme un métier dans le civil, même si je suis mobilisée une quinzaine de jours par mois en moyenne et parfois jusqu'à 3 semaines en plus en compétition. Pour l’Armée, les résultats obtenus dans les compétitions civiles sont plus importants que les résultats militaires. C’est plus porteur en termes d’images et de promotion. Le fait que je fasse partie de l’équipe de France civile est donc un plus. L’Armée est spécialisée dans les disciplines de précision d’atterrissage et de voltige. Avec le vol relatif, j’apportais une compétence complémentaire. C’était la configuration idéale !

T.C : Tu es devenue parachutiste militaire ….?

L.H : Mon équipe sportive est brevetée Parachutiste Militaire : à cette occasion, nous réalisons les sauts d’avions en automatique, avec des parachutes ronds, nous faisons les sauts de nuits avec armes et gaines aux pieds, ce qui nous permet de découvrir le parachutisme opérationnel. Cependant, je ne fais pas partie des troupes aéroportées de l’Armée de terre et nous n’intervenons pas sur les théâtres de guerre. L’équipe sportive de parachutisme dont je fais partie est une section à part, je dirais « de prestige", à l’instar de la Patrouille de France. Nous faisons des représentations lors de meetings aériens. Notre objectif premier est de représenter l’Armée française sur les compétitions internationales, faire briller la France sur la plus haute marche du podium et faire retentir la Marseillaise. D’ailleurs, le Bataillon de Joinville, qui accueillait tous les athlètes français de haut niveau pour leur service militaire depuis des décennies, est « réactivé » au sein du Centre National des Sports de la Défense, avec l'unité d'Armée de Champions. J'en fais désormais partie avec mon équipe.

T.C : Pourquoi avoir choisi l’Armée?

L.H : Ça me parlait et ça me parle toujours. Là aussi, comme le parachutisme, je n’ai pas de proche engagé ou qui ait fait carrière, qui aurait pu m’inspirer... Ca a étonné ma mère qui doutait de ma capacité à accepter l’autorité. Mais en fait, je pense justement que ce qui m’a attirée, c’est ce cadre, cette rigueur. D’ailleurs, je trouve dommage l’image caricaturale que l’on véhicule sur l’Armée, c’est triste. On y apprend beaucoup, des valeurs comme : se donner à fond, le dépassement de soi, la solidarité, vivre en groupe, s’organiser… Comme je le disais, finalement des valeurs communes avec le sport. L’éducation par l’Armée est intéressante. J’aurais même bien aimé avoir l’obligation de faire l’Armée. J’aimerais que les gens prennent conscience que les militaires qui vont sur le terrain, ils n’y vont pas pour faire la guerre mais pour défendre des valeurs et défendre leur pays.

T.C : Comment arrives-tu à concilier tes obligations professionnelles avec ta discipline sportive ?

L.H : En fait dès 2009, l’Armée m’offre de participer à mon premier championnat du monde militaire. A l’époque, je n’ai que 250 sauts… ( « C’est à dire que dalle » glisse Laurence en souriant), mais j’ai le soutien de mon entraîneur et de mon équipe. Il est vrai qu’en compétition internationale, il faut par exemple penser aux zones de posé, très variables d’un site à l’autre ; ici l’expérience peut être déterminante. A ce moment-là, tu joues ta carrière… Mais le chef de l’Unité d’alors, qui émettait des réserves, à juste titre, décide de me faire confiance. Et là nous décrochons la médaille d’Or. Une aubaine ! Il a alors été question de me faire venir à Gap pour intégrer complètement l’équipe et me consacrer au parachutisme à temps plein. Je suis donc désormais en détachement. Se posera quand même bientôt la question de ma réintégration à mon poste de contrôleuse et là il faudra décider. Le contrôle aérien requiert un maintien de compétences, ce n’est donc pas un poste acquis. Et il est clair que si je peux prolonger le parachutisme, je continuerai.

T.C : A quoi ressemble une année pour Laurence Hervé?

L.H : C’est variable mais en 2016, j’avais 2 à 3 compétitions par mois en saison d’été contre 1 en hiver en moyenne. On participe aussi à des événements. Par exemple, on a fait les World Air Game de Dubai. Le mois de Novembre a été le plus souple en 2016. Autrement, on s’entraine. Même en hiver, on fait les stages d’entraînement en soufflerie, ça fait partie des entrainements récurrents, dans le civil comme à l’Armée. Quand j’ai des créneaux, je fais du coaching en soufflerie (simulateur de chute libre). Finalement, je n’ai plus vraiment de périodes creuses. De toute façon, je ne sais pas garder de cases blanches dans mon agenda, je suis sans cesse en train de m'organiser pour pouvoir faire un million de trucs, quitte à devoir courir partout... mais j'aime cette sensation! Ne pas louper un seul instant de vie!

T.C : Y a-t-il eu un moment clé dans ta vie de parachutiste ?

Laurence est soudain très émue : « Le moment clé : c’est Fred. (…). Il a été une véritable bouffée d’air pur (…) Il a fait basculé ma vie » me confie-t-elle. « Je suis très engagée dans ma vie de sportive, et Fred ne m’a jamais demandé de renoncer à aucune de mes activités. Fred m’a redonné confiance en moi. Il comprend mes obligations et me soutient dans ma carrière. Et ça change tout. On se soutient mutuellement (…) » Athlète RedBull, Fred Fugen forme avec son binôme Vincent Reffet, les Soul Flyers et réalise des performances exceptionnelles, voire uniques en wingsuit et en basejump, que l’on peut voir sur de nombreuses vidéos youtube. Il fait également partie du projet Jetman créé par Yves Rossy. « Personnellement je ne le connaissais pas avant notre rencontre. Quand lui arrêtait la compétition en 2009, moi je débutais. » Parachutiste confirmé, Fred Fugen a été triple champion du monde en freefly en équipe de France. « J’ai trouvé ça étrange que quelqu’un de connu puisse s’intéresser à moi et je craignais d’être mise au devant de la scène ; ça me mettait mal à l’aise. En fait, il n’y en a pas beaucoup des comme lui. Malgré son palmarès, son expérience, il reste normal, et complètement humble. Je trouve ça génial le fait qu’il a toujours autant envie de partager les choses avec moi alors qu’il pourrait passer ce temps avec des personnes confirmées."

T.C : Qu’évoque le voyage pour toi ?

L.H : Les voyages sont un bon moyen de se ressourcer ! Découvrir le monde, les cultures , faire des rencontres, s’en mettre plein les yeux avec de nouveaux paysages… Très souvent devoir s’adapter et s'ouvrir à différentes façons de vivre, et surtout, profiter de chaque moment pour kiffer! (…) Je pense que ce qui est le plus difficile à appliquer dans notre société aujourd’hui, c’est de tout laisser de coté pour nous focaliser sur le présent ! Nos pensées parfois nous empêchent de profiter pleinement... D’ailleurs, je pense que dans le parachutisme, ou tous ces sports extrêmes en fait, on apprécie d’autant que quand nous pratiquons ces disciplines, nous pensons uniquement à kiffer et profiter du moment présent !!! Comme dit ma grand-mère : " les voyages forment la jeunesse" - dans ce cas, je crois que je suis bien formée alors. Le parachutisme me permet de faire énormément de voyage , et tout cela en équipe. C'est une expérience de vie formidable! Avant, je ne vivais que pour les compétitions et les voyages, désormais, ce qui me tient le plus à coeur est de partager mes voyages avec Fred. Je dois avouer qu’être ensemble pour voyager, être à ses côtés le plus souvent possible, est devenu prioritaire. Et nous avons cette même envie de voyage qui nous anime !

J’ai retrouvé Laurence à Dubai, la semaine dernière. Elle y faisait un stage d’entrainement avec l’équipe civile. Après quoi, elle a prolongé son séjour, profité de ce temps libre pour faire du paramoteur et bénéficier d’un coaching personnalisé avec Pablo Hernandez pour améliorer son « posé » (atterrissage). « Réservée... » se dit-elle, « ... Perfectionniste » rajouterais-je. C’est simple, Laurence n’arrête jamais.

Liens utiles :

> Comprendre sa discipline, le VR4 : voir ici.

> Voir une vidéo de Vol relatif à 4, entrainement Dubai : voir ici

> Lien Facebook équipe militaire : voir ici

> Lien Facebook VR4 : voir ici

> Reportage France TV sur le "Nouveau bataillon de Joinville ( reportage de 2015) : voir ici

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