Les polynésiens, de souche ou de coeur le savent. C'est comme un besoin qui vous saisit de manière plus vive dès que votre avion se pose sur le tarmac de l'aéroport de Tahiti- Faa'a. C'est ancré, c'est comme un réflexe, c'est inné : vous cherchez immédiatement ces repères qui vous confirment bien que vous êtes de retour au bercail, au Fenua, au Pays. C'est un sentiment d'autant plus fort que vous êtes restés longtemps à l'étranger : une envie de goûts, d'odeurs, de musique, d'images... Comme une drogue dont vous n'avez jamais été sevré.
Partie à peine quelques mois, je n'ai pas dérogé à la règle. Les premières heures, le premier jour, la première semaine ont été naturellement dédiés à me remplir de petites choses qui pourraient être considérées comme des clichés... En réalité, les éléments constitutifs du quotidien polynésien. Je vous raconte ici 5 rituels...
#1 - Rentrer à Tahiti, c'est dès l'aéroport retrouver la moiteur, la chaleur, qui embrassent soudain vos épaules, sentir le parfum envoutant de la Tiare Tahiti (la fleur de Gardenia Tahitensis) que l'on vous tend et profiter de quelques notes des chants et danses polynésiennes dès votre passage en zone de débarquement ....
# 2 - C'est deviner, au milieu de la foule campée derrière les portes coulissantes, le regard et les bras de ceux qui vous sont chers, votre famille, vos meilleurs amis, une fois les bagages récupérés, passées les formalités de douanes et avoir discuté avec des personnes enthousiastes de vous revoir. Ceux qui ont pu venir vous accueillent avec les couronnes traditionnelles de fleurs fraîches en signe de bienvenue... " Manava, Maeva !"
Les valises entassées dans la benne du pick-up, vous voilà embarqué pour un retour aux sources. En quittant la ville, vous constatez que des bâtiments ont poussé depuis, que d'autres à l'abandon n'ont toujours pas été rasés ; vous évaluez si le réseau routier s'est amélioré et demandez si le transport en commun a observé des avancées... toujours pas.
# 3 - Et puis surtout, vous appréciez la mer, les vagues, le bleu de l'océan Pacifique... (Je regarde défiler la côte Est qui me mène vers Arahoho, Tiarei, la commune où j'ai grandi.) Rentrer à Tahiti, c'est alors regarder le soleil qui se lève sur la plage de sable noir face à la maison familiale et apprécier le ciel même s'il est saturé de nuages. C'est marcher les pieds nus sur l'herbe couverte de rosée et des embruns marins... puis sur la plage...
Et puis, il y a cette envie compulsive de manger, comme si regarder le spectacle, nous donnait envie de l'avaler...
# 4 - Rentrer à Tahiti, c'est Manger. Un poisson cru... LE poisson cru : mariné au citron et au lait de coco frais. Le poisson cru, c'est le plat que les polynésiens peuvent manger à tout moment, surtout en arrivant après minuit, des heures de vols et plusieurs mois passés à l'étranger.
Le thon rouge ou blanc sous toutes ses formes : en carpaccio, en tartare, à la tahitienne et à la chinoise, en trio, en mi-cuit, au gingembre et à l'huile d'olive, aux câpres, au basilic... A tout moment, même au petit déjeuner. C'est ce que l'on a fait, dès le lendemain matin, assis sur la plage du Taaone en regardant ramer les piroguiers.
# 5 - Manger encore... Les fruits d'une nature luxuriante, généreuse. Acheter le sac de mangues greffées à 1000 F CFP (8,5 €) qu'un homme hirsute et en guenilles nous vend à la sauvette sur le parking d'un supermarché. Les fruits étaient EX-CEL-LENTS ! Retrouver aussi le plaisir de cueillir et de goûter la récolte du jardin de la nouvelle maison. Pamplemousses verts ou rose de Tahiti, mangues, bananes, longanes, fruit de l'arbre à pain, (le uru, objet de la mission de l'expédition de la Bounty) ... Bientôt le noni arrivera à maturité et je pourrai alors profiter de ses vertus médicinales...
Et puis, revenir à Tahiti, c'est aussi faire le tour de l'île, mais de cela, j'en parlerai une autre fois.
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